Transat retour... en Pogo 40 - Tchuda Popka 2

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J23 – Apres la pluie le sechage !

6 February 2007 | 20:32

En route a 5 nds au 120, sous gennaker et grand voile pleine, au PORTANT !

Eh oui, comme quoi les cierges a Santa Maria que nous avions allume il y a trois jours ont porte leurs fruits : on a enfin trouve le bouton “sechage” du Pogo 40 de Gwen !

Le vent est doucement retombe hier soir avec la nuit, et vers 0h30 locale, c’est a dire heure de Greenwich (on approche !!), on a lance le moteur, que nous avons garde allume jusqu’en debut d’apres midi, comme nous l’avions prevu a peu pres. Le vent est depuis etabli quasiment d’W, toujours assez faible (moins de 10 nds), mais il nous permet d’avancer tres confortablement au portant sous Gennaker et grand voile pleine a pres de 6 nds, sur une mer plate. Adieu (ou peut etre seulement au revoir…) embruns et gite inconfortable, on a meme pu transformer le temps de la matinee les filieres en immense fils a linge. Chaussettes et calecons de 3 semaines ont ainsi pu prendre un peu l’air, on a meme utilise la lessive ! Toute l’eau de pluie recoltee “a la Moitessier” il y a quelques jours a l’occasion de quelques bons grains y est passee ! Bref, ce soir, nous sommes comme le saucisson, sec, enfin !

Le programme des rejouissances pour les deux jours a venir devrait nous permettre de toucher Gibraltar vendredi matin, avec un bon flux d’W qui nous poussera allegrement pendant tout ce temps. L’approche des cotes nous rend tous un peu febriles !! Nous sommes maintenant a moins de 450 M du fameux detroit !

Cote cambuse, tout va bien, maitre Denis apres avoir fait un inventaire circonstancie des vivres avec Pierre – “Trois boites de lentilles, Une d’ananas, Deux boites de vache qui rit” “Ou est le corned beef ?” “C’est quoi cette boite sans etiquette” “Je sais pas, Ouvre, on verra bien !” voici le genre de conversations entendues pendant l’apres midi – a enfin retrouve ses fourneaux. Hier soir, ragout d’epinards au pommes de terre, ce midi, haricots verts et pommes de terre, ce soir soupe a l’oignon MAISON… Pour notre plus grand plaisir !

Le moral est donc bien remonte, par rapport a la nuit d’avant, qui je vous le rappelle, nous avait laisse un gout un peu sale en bouche ! Denis a meme retrouve de nouvelles BTHM (Blagues de Tres Haute Mer) qu’il n’avait pas ete en mesure de nous sortir pendant les 3 jours de forte brise. Je me souviens meme d’un diner, tous autour d’une lueur palichonne de lampe frontale a LED (ou sont donc passees les lampes a petrole et leur charme fou !) ou Denis, bolino hachis parmentier en mains, n’a pas dit un mot !

Bref, tout va bien a bord, mais nous serons quand meme contents de voir les cotes proches dans 2/3 jours !

A tres bientot

Jerome, et l’equipage de Tchuda Popka 2

[Sent from: 37.7428,-14.605]

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J22 – La depression des Acores

5 February 2007 | 19:02

En route au 85 a 6 noeuds

Les Acores, en general, on les associe a l’anticyclone bien connu dont on nous parle a chaque bulletin meteo. Sauf que quand on a l’idee saugrenue d’aller s’y promener en Janvier, on peut avoir droit a une surprise. Pour nous, c’est la depression des Acores. Oh, elle n’est pas bien grosse, ce n’est pas la specialite du coin : juste un petit trou a 1010 hPa dans une zone a 1020, rien a voir avec les premieres qui nous poussaient il y a deux semaines. Mais celle-ci est stationnaire et nous passons en plein dessous, donc on en profitte a fond. Et comme nous avons decale notre route un peu trop au nord, nous renouons avec les longues heures de pres / bon plein.

Ce week-end, les quarts etaient donc plus sportifs que d’habitude. A l’arriere, des vagues malicieuses viennent grignotter le cockpit. L’une leche la protection de la descente, l’autre vient donner un coup de dent dans la bouee fer a cheval. Je m’attache au plus court sur ma ligne de vie, pour que la prochaine ne m’emmene pas faire un tour dans les filieres. “Petite pluie abat grand vent”, aime a dire ma grand-mere. Pour l’instant, c’est au contraire de la grosse pluie qui accompagne les grains. Le vent monte encore d’un cran, le speedo flirte avec les 40 noeuds. La rafale fait siffler les filieres, tandis que la pluie s’abat, lissant les vagues en les couvrant d’un duvet d’eclaboussures. Le spectacle ne manque pas d’allure, mais on sera content de retrouver le calme. Meme au milieu de tout cela, on trouve encore de bonnes surprises. Ce soir, les dauphins sautent completement hors de la mer formee. Est-ce pour avaler moins d’embruns ? En tous cas ca permet de les observer a loisir. On en voit presque a chaque quart en ce moment, de jour comme de nuit.

Trois semaines de mer, ca fatigue aussi le bateau, et nous reserve quelques surprises lors de nos rondes d’inspection quotidiennes. Samedi, c’est la vis d’un chariot de latte qui manque a l’appel (NDLR: notre grand voile a des lattes forcees, qui font toute la largeur de la voile. Elles s’appuient sur le mat a l’aide d’un chariot qui coulisse dans un rail le long du mat, pour pouvoir hisser et affaler la voile). Nous trouvons donc une vis de remplacement, un ecrou et la clef plate adequate, et nous voici Jerome et moi au pied de mat pour reparer. Mais il est difficile de travailler dans ces conditions : Moi (sous la grand-voile, le vent plein les oreilles, voulant saisir la voile a deux mains pour bien presenter la latte): – Jerome, tu tiens la clef ? Jerome (au vent de la voile, sous les embruns): – Oui, oui, tiens-la moi ! La pauvre clef de 10, desesperee de se sentir aussi delaissee, fait un choix definitif. Apres trois rebonds sur le pont et un dernier tintement dans les filieres, elle disparait, engloutie par les flots.

Aujourd’hui, les conditions s’ameliorent doucement. Pas encore beaucoup de soleil mais le vent est retombe a 20 noeuds, on prend d’avantage de plaisir dehors. Les puffins sont eux aussi de plus en plus nombreux, et une mouette les accompagnait ce matin. C’est amusant de les voir ensemble, ils ne volent pas du tout de la meme maniere. Le premier glisse au creux des vagues, a l’aide de ses longues ailes fines de planneur, si pres de l’eau qu’il disparait souvent a notre vue, meme a quelques metres du bateau. La seconde garde plus de hauteur, ce qui l’oblige a donner quelques coup d’ailes de temps en temps, de ses belles ailles barrees d’un trait noir et blanc (de mouette tridactyle ?). Et elle n’hesite pas a se poser quelques instants au creux des vagues pour reprendre son souffle.

Gibraltar approche, on l’apercoit maintenant sur la meme carte que celle ou nous voyons notre position. A bientot,

Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka

PS: derniere minute, on vient de croiser une belle tortue de mer !

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J21 – Grande operation lavage du bateau

4 February 2007 | 18:15

En route a 7 nds au 85 [Derniere minute : 9 nds au 95, sur la route]

Gwen l’armateur nous avait prevenu, Tchuda Popka est un bateau spartiate. Mais comme il nous le faisait remarquer pas plus tard que ce matin, il est quand meme bien equipe pour la navigation au long cours, puisqu’il y a une grande machine a laver a l’exterieur ! Et la, depuis 48h, on l’a bloquee en mode rincage, et si quelqu’un pouvait nous aider a trouver le bouton sechage doux, special equipiers delicats, parce que la, c’est bon c’est rince…

A retenir : ne jamais ecrire avant qu’elle soit passee “depression peu active” comme je l’ai fait dans le mail d’hier. En fait d’activite, rien de dangereux, mais un peu fatiguant, puisque nous ne sommes toujours pas passe dans la zone avec ciel bleu et vent d’W, mais sommes toujours dans la zone pluvieuse avec vent de S a SE, plutot fort pour l’occasion. Nous avons passe la plupart de la nuit sous des trombes d’eau (de pluie et d’embruns) par 30-35 nds (et plus si affinites) de vent de S a SE, et du coup on est bien remontes au nord de notre route directe. Ca ne nous a pas empeche de bien avancer, mais le “confort” a bord s’en est ressenti. Les plats lyophilises sont de nouveau de sortie, c’est bien pratique : prets en 3 min, pas de vaisselle, et ca cale bien !

On a depuis 2h derriere nous du ciel bleu qui n’arrive pas a nous rattraper, pourtant on aimerait bien, d’autant plus que le vent doit y etre un peu adonnant, un peu plus SW que celui qu’on a sous ce front froid qui semble avancer avec nous…

Ce matin, comme pour tester nos nerfs, apres avoir pris un ris dans la trinquette, petite blague pas tres drole de la drisse de ladite trinquette. Apres l’avoir envoyee, au moment de reloffer et de la border, la gaine de la drisse lache au niveau du taquet… Et hop, encore une petite demi heure de boulot, a faire les malins sur le pont alors qu’il pleut tout ce qu’il peut… Ni une ni deux, on remplace la drisse par la drisse de secours, et c’est reparti mieux qu’avant. Des que le temps se calmera, on essaiera de recoudre la gaine, et on pourra encore utiliser cette drisse, qui est maintenant devenue “de secours”.

Au passage, un petit coucou au coop carcassonnais, merci pour vos encouragements. Bonne chance a Laurene pour ses examens de la semaine, on pense bien a toi !

Derniere minute : ca y est le vent adonne, on va pouvoir choquer un peu les ecoutes et relancer la bete sur le cap !!

A tres bientot, il faut que j’aille voir les ecoutes !

Jerome, et tout l’equipage [bien mouille] de Tchuda Popka 2

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J20 – Santa Maria des Acores – Gibraltar = 900 M

3 February 2007 | 19:12

En route a 9 nds au 85

Terre, terre !! Ca y est nous avons vu pour la premiere fois une preuve qu’il peut y avoir autre chose sur l’ocean que de l’eau (et des cargos). Nous avons en effet apercu ce midi la derniere ile des Acores, enfin pour nous, puisque c’est celle la plus au sud-est et la plus proche du continent europeen. Que Santa Maria (c’est son nom) nous porte chance pour aller vite et bien jusqu’au continent ! Cette vision au bout de vingt jours de mer, nous n’y comptions pas vraiment, etant donne que nous en sommes passes au vent (au sud) a plus de 30 milles et que le temps est un peu bouche. Mais on a vu ses hauts reliefs (600 m) se detacher nettement, et c’est Pierre qui l’a apercue le premier. Il a l’oeil celui la : a chaque fois, c’est lui qui apercoit le premier le poisson pris sur la ligne, la premiere terre inesperee au bout de 20 jours…

Je vous le disais en titre, nous n’allons plus en Bretagne, mais en Mediterrannee. N’y voyez la ni caprice, ni malice, encore moins mutinerie ou rebellion a bord (quoique l’idee d’aller se cailler dans le Golfe de Gascogne ne nous rejouissait guere). Il s’agit bien d’une consigne venant de haut, de tres haut meme, puisque l’armateur, Gwench’lan lui meme, prefere voir son Tchuda Popka rallier Marseille ou il le mettra a la disposition d’un locataire chanceux !

Nous profitons d’une meteo “parfaite” pour cette route. Il nous reste moins de 900 milles a parcourir jusqu’au detroit de Gibraltar, entre Europe et Afrique, que nous devrions pouvoir franchir tres rapidement (moins de 6 jours si tout va bien, merci d’avance Santa Maria). Actuellement nous faisons route directe a 8,5 / 9 nds au 85 (c’est a dire avec un peu de N dans notre E) pour rallier un point situe a une latitude inferieure : ce n’est pas une erreur de navigation mais, sur une sphere, la ligne la plus courte entre deux points (l’orthodromie) a une allure bizarre ! Faites l’experience avec une mappemonde !

Sentant l’ecurie (et ses douches) approcher, nous essayons tous les 4 de faire marcher le bateau au mieux, pour egalement profiter de cette meteo “parfaite”. L’ambiance a bord est sportive, a plus de 8.5 nds en continu au travers, gites a 20 degres en moyenne. Nous sommes actuellement et ce depuis hier matin dans l’avant d’une depression faiblement active, centree non loin du nord des Acores. Cette zone, au SE d’une depression, est appelee secteur chaud (18 C le jour, 16 la nuit), mais c’est surtout reconnaissable a la nebulosite caracteristique : stratus epais et bien gris, averses frequentes et vent de S. Mais nous serons probablement bientot rattrapes par le front froid (qui separe secteur chaud et secteur froid de la depression), et alors, a nous ciel bleu et petits cumulus de traine ! Et aussi vent d’W, qui devrait diminuer secousses et gite a bord, et nous permettre de repasser a la cuisine gastronomique qui nous est chere. Et qui pourrait peut etre nous permettre de remettre une ligne de traine a l’eau : aujourd’hui pas de poisson !

Cap sur Gibraltar donc, que nous devrions atteindre le 7 ou le 8 (voire avant si la moyenne ne redescend pas), et nous ferons alors tres probablement escale soit a Gibraltar (enclave britannique en Espagne) soit a Ceuta (enclave espagnole au Maroc) pour quelques heures, pour refaire le plein de gazole, prendre une douche et passer quelques coups de fils a nos proches ! On repartira ensuite pour quelques jours vers Massilia, distante de 750 milles du detroit. Enfin, pas trop de plans sur la comete non plus !!

Voila donc le programme de ces quelques derniers jours au grand large !

Christa, Alex (de la part de Denis) : Ici c’est bien la fete du thon, rendez vous pour la fete du hareng de Fecamp a l’automne 2007. Bruno (toujours de la part de Denis) : Pas d’inquietudes, tu pourras bientot partir en vacances, et profite bien de toutes ces multiples reunions que seul le Louvre est capable d’engendrer dans ses magnifiques salons dores.

Merci encore a tous pour vos messages de soutien. Pour nous ecrire, evitez de repondre a l’adresse de la mailing list, utilisez plutot les commentaires sur le blog sur internet, merci !

Merci aussi a toute la classe de Marie-Anne a Hodeng-au-Bosc : Mathilde, Manon, Mallory, Sylvain : tout va bien a bord, merci de vos encouragements et de vos messages si sympathiques. On n’arrete pas de voir des thons (dans nos ventres maintenant) et des dauphins. Par contre, pas beaucoup d’oiseaux de mer (environ un par jour), mais on est surement encore un peu trop loin des cotes.

Bon week-end a tous,

Jerome, et tout l’equipage de Tchuda Popka 2

PS : aujourd’hui, vous avez droit a double ration de mail !

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J20 – Chronique d’un quart

3 February 2007 | 13:39

En route a 8 nds, au 90

Chronique d’un quart, une nuit il y a quelques jours

Venus s’est couchee, elle a rejoint mes equipiers, nous la reverrons a l’aube, juste quelques instants, le temps d’admirer son eclat avant que le jour n’apparaisse. Sa vision est ephemere, pareille a toute les grandes beautes humaines. L’eclat de la lune a pris le relais et illumine d’une lumiere blanche le ciel. Betelgeuse, legerement orangee, brille avec Rigel de part et d’autre d’Orion. Regulus n’est pas en reste et donne l’echo au pied de la constellation du Lion. Toutes les etoiles brillent et le ciel cette nuit est identique a celui que les Egyptiens peignaient dans les tombeaux de leurs rois.

Mes sens sont en eveil, j’observe les voiles, deployees comme les ailes d’un oiseau, entre ciel et mer qui chacun scintillent comme les cierges magiques d’un immense gateau d’anniversaire. J’ecoute les bruits, celui du vent qui siffle dans les voiles, la mer qui lui repond, et le bateau soufflant, craquant, gemissant, tel un chef d’orchestre qui s’activerait a harmoniser tous ces bruits, pour en faire une symphonie universelle, la symphonie de la mer.

Un grondement plus fort que les autres trouble la partition, c’est une vague plus grosse, et laide. Mais d’une laideur pareille a celle de Quasimodo, de celles qui cachent une grande beaute, que seul un oeil bienveillant peut deceler. Je la regarde et lui sourit. Elle, indecente, pose ses mains sur le beau petit cul de Tchuda Popka, et nous propulse. L’oiseau se cabre, leve son etrave, et plein d’orgueil, plane sur un long surf, tel un allegro de Vivaldi.

A ce moment precis, je suis dans le ciel, la mer, le bateau, bref, je suis heureux. Heureux de ce bonheur simple, qu’il faut aller chercher avec patience dans ce que la nature nous a donne. Heureux comme les Moitessier, Chichester, Gerbault, qui nous l’ont si bien decrit dans leurs ouvrages.

Enfin, seul avec moi-meme, au milieu de nulle part, je prends alors conscience que ce bonheur je le doit aussi en grande partie aux miens, restes a Flore. Mon quart fini, j’irai me coucher avec eux, mon bonheur dans les bras de Venus.

Denis, equipier a bord de Tchuda Popka 2

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J19 – Le thon est devenu l’ingredient unique du bord !

2 February 2007 | 16:49

En route a 7 nds, au 70/80

Je ne vais pas vous raconter cette histoire en vers de mirli-thon, ni en chansons parodiant le “Tcha-tcha-tcha des thons” (tube des annees 60), mon organe vocal se situerait a plus d’un quart de thon de la thon-alite du diapason. Je ne vous ennuierai pas davantage que la duree d’un semi-mara-thon (a ce sujet les parents Samson et Le Masson devraient calmer leurs fils-thons qui desirent s’engager a parcourir une telle distance en mars). Je ne le ferai pas non plus a la maniere de Delfeil de Thon dont l’humour laisse souvent a desirer ! Ce seront donc quelques nouvelles a ba-thons rompus.

D’abord, ne me parlez pas de cette nuit : “Tu as bien dormi ?”, “Tu vas bien ?”, “On est vraiment bien, la !”… – “NON !!” Je n’ai pas dormi, car si ce ne fut pas du bas-thon, ce fut quand meme co-thon ! On aurait dit que Tchuda Popka jouait a saute-mou-thon sur les vagues par 20-25 nds de vent, sur une mer raide et cassante !

Bref, nous avons peche hier notre Thon, un brave thon, un suicidaire encore celui-la, un SDF, un isole, un qui n’avait pas pu payer ses impots, un amoureux econduit ; mais je m’egare. Pour une fois, c’etait bien un poisson au bout de l’hamecon, et non une touffe de sargasses ! Nos deux X regardaient depuis deux semaines nos beaux rapalas et autres leurres, d’un air de dire “Des promesses, des promesses !”. Mais cette fois ce fut la bonne, et non des promesses de Sous-thon (nouvelle expression pour la rime, car Sous-thon dans les landes, et les landes en Gascogne…). Il fallait voir Denis vanter les merites de son Popper ! Les deux comperes (Denis et moi), fiers de leurs numeros 3 et 4, participerent a la matanza modele reduit, le men-thon volontaire. Pour ma part, je prenais des photos sans avoir besoin d’un photoma-thon de proximite pour les developper… Nos deux amis etaient fiers de leur nemrod des mers, mais c’etait surtout leurs estomacs qui s’exprimaient, sachant que le marmi-thon allait leur mi-thonner un bon thon a la basquaise facon Maite (qui habite elle meme non loin de Sous-thon). Denis, lui, ramenait le thon, un germon, en faisant attention de ne pas thon-ber sur le bord du lis-thon (vous le voyez, rafistole au shatter-thon ?). Rassurez vous, il avait bien pris soin de fixer son mousque-thon ! Le repas fut un delice, et je ne vous parlerai pas de l’aperitif, des entrees : sashimi de thon, thon au citron vert, soupe de thon, etc… J’ai une pensee pour mon cha-thon qui se serait regale ! Dans ces conditions, pas de risque d’intoxication alimentaire : nous n’aurons pas de bou-thons ! Et la, pas de ma-thon pour brider nos libertes !

Bien, il est de bon thon de terminer une missive par quelques politesses, vous m’avez subi depuis deja trop long-thon (avec l’accent parisien) ! Merci beaucoup a vous les supporters, on vous embrasse ! Felicitathons pour votre assiduite. Voyez, je m’egare encore, crois-thon !

Pierre

PS : quelques temps apres avoir ecrit ces mots, un nouveau germon s’est fait pieger, pas pique des hanne-thons non plus celui la !

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J18 – Le thon, c’est bon !

1 February 2007 | 21:17

En route au 75 a 7 noeuds.

On le sentait depuis trois jours. Les dauphins etaient la de plus en plus frequement. Une douzaine m’avaient encore accompagne cette nuit, j’avais passe un quart d’heure a les regarder jouer avec l’etrave en me tenant aux haubans. Les oiseaux de plus en plus nombreux etaient un autre signe de bonne augure. Et par chance, nous croisions de moins en moins d’algues susceptibles de venir s’emmeler sur la ligne de traine. Bref, nos instincts de pecheurs aux aguets, nous guettions la tension du sandow qui nous annoncerait une prise. Et c’est ce matin que la ligne de Pierre associee a un leurre de Denis ont fait merveille : nous avons fait un quart-thon ! Un beau germon remonte prudement a l’arriere de peur qu’il ne nous fausse trop vite compagnie, voila qui vient encore ameliorer l’ordinaire de nos menus. Il fut accomode ce midi a la basquaise accompagne d’un petit muscadet, et sera la base de notre soupe de ce soir. J’ose a peine vous decrire l’ambiance a bord, j’apprehende deja vos commentaires, j’en ai les jambes en co-thon… Disons seulement pour donner le thon que pendant que le marmi-thon entame une sieste digestive, les autres chantonnent de leur voix de bari-thon…

Nous continuons a croiser assez souvent des cargos. L’un passe a quelques milles de nous ce matin, je l’appelle a la VHF en tachant de reveiller quelques souvenirs de mon passage dans la marine (excepte l’accent “marine nationale” !). Coup de chance, il nous repond, pas comme lors de la derniere tentative de Denis: Denis sur les ondes: “Ohe du bateau, ici Tchuda Popka, me recevez-vous ?” Pas de reponse. Denis: “Ohe du bateau, ohe du bateau, ici Tchuda Popka. Est-ce que vous me recevez ?” Pas de reponse. Denis: “Bon, tant pis pour vous si vous ne voulez pas repondre. Bonne route quand meme !” Cette fois nous echangeons nos noms, nos destinations : c’est un chimiquier a lege, a destination de la Colombie. Comme notre active-echo n’a pas sonne, Jerome lui demande si son radar est en marche. En fait il ne l’a pas branche. L’homme de quart l’allume pour nous localiser, tandis qu’un autre cargo intervient dans la conversation. Tous deux nous detectent bien, mais assez faiblement (ils sont maintenant a une douzaine de milles). Tout cela confirme qu’en pleine mer, de nombreux cargos ne gardent pas leur radar allume. Je ne parle pas ici de ceux qui ne laissent parfois personne a la passerelle… Nous gardons donc une veille attentive, c’est bien a nous de les voir a defaut du contraire.

En ce qui concerne nos communications, nous parvenons aussi a capter la radio en grandes ondes. Si nous ne sommes pas restes tres longtemps a ecouter RFI nous parler de la reforme de l’etat, nous nous sommes laisse berces quelques heures par des airs marocains. Les temperatures baissent peu a peu, on avait presque oublie que c’est l’hiver. Il faut dire que nous sommes encore a la latitude du nord du Maroc.

Merci a Mallory et a Yohan de leurs encouragements, et a toute l’?cole d’Hodeng au Bosc. Mallory, nous sommes bien occupe sur le bateau. Il faut deja le faire avancer le jour, et la nuit. Ensuite, comme a terre, il faut faire la cuisine, le menage, sa toilette, etc. Et il nous reste du temps pour pecher, discuter ou lire des livres. Yohan, tout va bien. Nous n’avons rien de casse mais il faut souvent faire des petites reparations a bord. Pour le Schmilblick, courage, vous approchez de la solution. Souvenez-vous qu’il est souple, que l’on peut coulisser dessus, qu’il y en a un dans le cockpit, et qu’il est solidement fixe au pont du bateau pour que l’on puisse s’y attacher tres fort. Un grand salut aussi a nos amis du sud-ouest, entre autres a nos supporters des remparts de la cite de Carcassonne, et aux fideles libournais et saint-emilionnais.

A bientot,

Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka

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J17 – De l’hygiene a bord…

31 January 2007 | 20:11

En route au 70 a 6 noeuds

Vous aurez compris au vu de notre trajectoire qu’apres cinq jours a remonter les alizees, puis une semaine a eviter les depressions, nous sommes maintenant bien rentres sous l’anticyclone des Acores. La mer s’est calmee, et la route consiste a present a jouer a cache-cache avec le vent, et a eviter les zones de calme plat. Nous faisons de notre mieux pour profitter du moindre souffle pour avancer, et c’est parfois un peu stressant de pourchasser le vent. L’avantage, c’est tout de meme que la vie a bord est nettement plus aisee.

Quelques voix se sont elevees recement sur ce blog – majoritairement feminines – qui s’inquietaient de l’hygiene a bord. J’aimerais ici mettre un terme a ces suppositions gratuites et tordre le coup a ces idees recues sur la vie quotidienne de quatres hommes dans un bateau. Sachez donc que l’hygiene du bord est une preoccupation de tous les instants, et que (presque) tout est fait pour maintenir le bateau dans le meilleur etat de proprete. Tout d’abord, n’oubliez pas que notre environnement est extremement sain. Bien loin des pollutions urbaines, l’air iode nous maintient en forme. Ensuite, menage et rangement sont non seulement une habitude mais aussi une necessite pour ne pas perdre, mouiller ou casser des affaires au moindre coup de gite. L’eponge amoniquee (distincte de celle des toilettes et de celle de la vaisselle…) est ainsi passe tous les matins dans les fonds du bateau. Et quand le dernier leve emerge de sa bannette, une douce odeur de fraicheur flotte agreablement dans la cabine. Pierre et Denis sont les grands artisans de cet interieur de bonne tenue.

Quand a notre hygiene personnelle, je ne m’etendrai pas dans les details, mais je prefere vous donner deux exemples qui montrent bien a quel point nous en sommes soucieux, et que cela va bien plus loin que “le bout de notre nez”. Tout d’abord, nous pouvons aller jusqu’a prendre un bain PLUS une douche dans la meme journee. Ainsi hier soir, apres le diner, Jerome fait un tour d’inspection du bateau et constate que l’etrier avant qui maintient le bout dehors est legerement fissure. Par prudence, nous decidons donc d’affaler le gennaker pour la nuit, en attendant d’y voir plus clair et d’avoir l’avis de Gwench’lan. En enroulant le gennaker, la contre-ecoute part un peu a l’eau, et le vent tombant completement, le bateau cule de quelques metres, Il n’en faut pas plus pour que cette contre ecoute aille faire un tour autour du safran, et se coince entre la coque et le haut du safran. Me voila donc en maillot de bain, dans la nuit noire, alors que tout le monde est en bottes et en cire… Brrr… un petit frisson en rentrant dans l’eau, j’espere que les requins sont au lit a cette heure la. Le bout est vite demele, et apres ce bon bain du soir, j’ai droit a une douche + shampoing avec le reste de l’eau de pluie recoltee la veille sous la grand voile. Et me voila tout propre pour aller me coucher.

Nous faisons egalement tres attention a notre hygiene bucco-dentaire, en employant les grands moyens s’il le faut. Ce matin, Denis s’est donc nettoye les dents d’une grande lampee de gazole, apres une gorgee d’huile d’olive (pour le gout). Une petite gousse d’ail pour l’haleine, puis il a poursuivit par un lavage au cif, avant de parfaire le brossage par du dentifrice et un rincage a l’eau minerale. Il faut reconnaitre que le but premier de l’operation etait avant tout de siphonner un bidon de gazole pour refaire le plein de notre reservoir…

Nous sommes donc bien occupes a bord, mais il nous reste heureusement du temps pour profitter de notre environnement. Nous voyons frequement des dauphins ces derniers jours. La nuit derniere, dans la petole, c’est meme leur souffle que l’on entendait le premier, quand il font surface pour respirer et qu’ils semblent nous murmurer quelques mots. Pour les amateurs d’oiseaux, nous croisons assez souvent des puffins (Arnaud, si tu nous lis, je te laisse trouver le nom latin, nous n’avons pas a bord de guide des oiseaux…), mais ils ne s’interessent pas beaucoup a nous et preferent planner au creux de la houle, jouant des courants ascendants au dos des vagues. Nous avons vu une mouette (ou un goeleand ?) aujourd’hui, mais c’etait la premiere de la traversee. Parfois des oiseaux blanc avec une tete assez massive et carree (des petrels ? je ne suis pas sur…). Et de petits oiseaux noirs au creux des vagues. Etonnant de les voir si loin de toute terre, ils ont de la route a faire avant de pouvoir pondre un oeuf…

Pour repondre a d’autres questions, sachez qu’un plat avec de l’ail, c’est simplement… bon ! C’est le basque du bord qui vous le dit. Et que le Schmilblick : – ne s’enrole pas, ne se plie pas, ne coulisse pas (mais on peut coulisser dessus), – est souple et non pas dur, synthetique et pas naturel, – qu’il est solidement lie au pont du bateau, c’est tres important pour qu’il remplisse son role.

Enfin, la bonne nouvelle du jour, c’est le retour de la girouette et de l’anemo ! Ils nous avaient abandonne des le premier jour, a la premiere vague qui avait un peu secoue le bateau, et ils refusaient de nous donner la moindre information. Puis quelques jours plus tard, dans un coup de vent, ils avaient pris un petit air penche qui nous inquietait. Mais le temps ne permettait pas de monter en haut du mat. C’est chose faite depuis cet apres-midi, apres une petite excursion a 19m d’altitude. Ca paraitra bien modeste aux montagnards, mais je vous assure qu’on y ressent drolement bien le moindre mouvement du tangage du bateau… Nous voila avec la force et la direction du vent aux instruments, ce qui nous permettra par exemple de regler le pilote sur l’angle a tenir par rapport au vent et non pas simplement sur un cap compas.

A bientot,

Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka

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J16 – Le pain est cuit !

30 January 2007 | 18:56

En route au 45, a 5 noeuds dans la petole sous GV pleine et gennaker

Le mardi c’est raviolis, mais seulement a terre ! Pour nous aujourd’hui c’est petole, et qui dit petole dit grande bouffe… N’est-ce pas Gwen ? Tes bolinos parmentier sont toujours bien au chaud dans la touque “A n’ouvrir qu’en cas d’extreme urgence”. Ce midi, legumes frais en salade (apres 15 jours de mer, assez incroyable, non ?), et pendant ce temps la, Denis petrissait et cuisait son pain a la cocotte, patiemment ! On a bien fait de prendre de bonnes reserves d’alcool a bruler pour le rechaud ! Le pain d’aujourd’hui a l’air vraiment excellent, le premier avait un peu crame, mais c’etait un premier essai du mitron pour prendre en main son fournil !

Ce soir, on tente les bananes plantain, en omelette, ca devrait etre pas mal, elle commencent tout juste a murir ! On vous relatera ca ulterieurement et avec force details !

Cote lignes a l’eau, toujours pas de prise digne de ce nom. On s’est seulement amuses a recuperer un beau pare-battage tout neuf qui derivait gentiment, mais il n’a pas l’air tres comestible, et les anatifes qui poussaient dessous encore un peu jeunes !

Sinon, vous l’aurez compris, tout va bien a bord, le moral est excellent, et la meteo bien que capricieuse, nous permet de bien recharger nos batteries. Normalement on devrait toucher du vent portant en fin d’apres midi, et relancer un peu notre progression vers l’est.

Cote Schmilblick, on va garder un jour de decalage avec les questions de la classe de Marie-Anne, ca nous permettra d’affuter nos reponses en fonction de l’avancement ! Pour repondre aux questions d’hier soir : non le Schmilblick ne se trouve pas sur la table a carte (il y en a un dans le cockpit, pour ceux qui suivent) et ce n’est pas un radar. Mais en parlant de radar, on a eu l’occasion plusieurs fois de se servir du notre pour verifier que les cargos que nous apercevons assez regulierement etaient bien hors de notre route : sur l’ecran du radar on les voit tres bien, et on peut mesurer a quelle distance ils se trouvent. On fait ca deux fois a 10 minutes d’intervalle, et si la distance augmente, c’est bon ! Sinon, il faut faire quelque chose : les appeler a la radio, et aussi maneouvrer pour changer notre route.

On n’a pas encore rencontre de porte-containers en mer, en tout cas on n’en a pas vu clairement. On a surtout vu des petroliers ou chimiquiers. Et meme lorsque nous etions dans le gros temps il y a quelques jours, nous n’avons pas vu ou entendu a la radio de marins en difficultes. Merci a toute la classe de Marie-Anne pour ses questions et encouragements repetes, nous aussi on pense a vous : Travaillez bien avec votre super maitresse !

Pour la question de Jacques sur la houle, Guillaume est actuellement a la barre et reprendra ses calculs de mecanique des fluides apres. Quant a moi, ma reponse est empirique : 10 /12 noeuds ca passe bien, 16 on risque de se replanter dans la vague de devant ! Est-ce que j’ai gagne une tartine de Nutella ?

Bon allez, en parlant de Nutella, je crois que je vais aller voir ou en sont nos stocks !

Au passage, nous avons fait une petite serie de portraits, pour que vous puissez admirer nos mines rejouies et nos barbes fleuries !!

A tres bientot

Jerome et l’equipage de Tchuda Popka 2

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J15 – N’en jetez plus !

29 January 2007 | 19:39

En route au 10 a 5 noeuds

Un des avantages de cette traversee, c’est que nous avons le temps de suivre etape par etape l’evolution des phenomenes meteo. Dans les dernieres 48h par exemple, le vent a quasiment fait le tour du bateau. Nous etions au grand largue, tribord amures (avec un s, n’est-ce pas Emilie 😉 il y a deux jours, puis nous avons empane dans la nuit. Apres quelques bonnes heures de portant, le vent a refuse de plus en plus. Et depuis cette nuit nous voila de nouveau au pres, on envie le confort de Jangada. Avec un virement ce midi, nous revoila tribord amures, la boucle est presque bouclee.

Pourquoi tous ces changements alors que nous essayons d’avancer dans la meme direction ? Le responsable est le bel anticyclone sous lequel nous nous sommes glisse. Le barometre enregistreur nous a dessine une sorte d’Everest, et est monte jusqu’a 1030 hPa. La pression est forte sur nos epaules, l’afflux d’oxygene est euphorisant… Et cela devrait meme nous faire avancer plus vite : les bouquins de meteo expliquent que quand la pression est forte, l’effort du vent est plus important pour une meme vitesse. Mais nous n’en sommes pas encore a ce niveau de detail pour tracer notre route !

Il est toujours decevant de compter le nombre d’objets a la derive que nous trouvons sur notre route a 500 milles de la terre la plus proche : morceau de polystirene, amas de cordage, un gros bidon metallique, une bille de bois, un jerican en plastique, des vieux papiers… A bord, nous nous efforcons d’etre le plus propre possible, et de ne jeter a la mer que de objets non polluants qui puissent couler ou se degrader rapidement. Malheureusement, tout le monde n’en fait pas autant.

Heureusement qu’on ne croise pas que cela. Quelques oiseuux de temps a autres, un puffin, un autre petit oiseau noir ce matin, et trois dauphins qui m’ont tenu compagnie pendant un quart d’heure dans les reflets du soleil levant. Et puis la peche du jour : ce n’est pas un requin, ni un thon, ni meme un poisson volant, mais… une crevette ! Heureusement que nos reserves de vivres sont encore plus que consequentes.

Merci a Justin, 16 mois, Yannig (360 mois), au club de voile du college les Dagueys a Libourne, et a tous les autres pour vos encouragements. A bientot,

Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka

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