J17 – De l’hygiene a bord…
31 January 2007 | 20:11
En route au 70 a 6 noeuds
Vous aurez compris au vu de notre trajectoire qu’apres cinq jours a remonter les alizees, puis une semaine a eviter les depressions, nous sommes maintenant bien rentres sous l’anticyclone des Acores. La mer s’est calmee, et la route consiste a present a jouer a cache-cache avec le vent, et a eviter les zones de calme plat. Nous faisons de notre mieux pour profitter du moindre souffle pour avancer, et c’est parfois un peu stressant de pourchasser le vent. L’avantage, c’est tout de meme que la vie a bord est nettement plus aisee.
Quelques voix se sont elevees recement sur ce blog – majoritairement feminines – qui s’inquietaient de l’hygiene a bord. J’aimerais ici mettre un terme a ces suppositions gratuites et tordre le coup a ces idees recues sur la vie quotidienne de quatres hommes dans un bateau. Sachez donc que l’hygiene du bord est une preoccupation de tous les instants, et que (presque) tout est fait pour maintenir le bateau dans le meilleur etat de proprete. Tout d’abord, n’oubliez pas que notre environnement est extremement sain. Bien loin des pollutions urbaines, l’air iode nous maintient en forme. Ensuite, menage et rangement sont non seulement une habitude mais aussi une necessite pour ne pas perdre, mouiller ou casser des affaires au moindre coup de gite. L’eponge amoniquee (distincte de celle des toilettes et de celle de la vaisselle…) est ainsi passe tous les matins dans les fonds du bateau. Et quand le dernier leve emerge de sa bannette, une douce odeur de fraicheur flotte agreablement dans la cabine. Pierre et Denis sont les grands artisans de cet interieur de bonne tenue.
Quand a notre hygiene personnelle, je ne m’etendrai pas dans les details, mais je prefere vous donner deux exemples qui montrent bien a quel point nous en sommes soucieux, et que cela va bien plus loin que “le bout de notre nez”. Tout d’abord, nous pouvons aller jusqu’a prendre un bain PLUS une douche dans la meme journee. Ainsi hier soir, apres le diner, Jerome fait un tour d’inspection du bateau et constate que l’etrier avant qui maintient le bout dehors est legerement fissure. Par prudence, nous decidons donc d’affaler le gennaker pour la nuit, en attendant d’y voir plus clair et d’avoir l’avis de Gwench’lan. En enroulant le gennaker, la contre-ecoute part un peu a l’eau, et le vent tombant completement, le bateau cule de quelques metres, Il n’en faut pas plus pour que cette contre ecoute aille faire un tour autour du safran, et se coince entre la coque et le haut du safran. Me voila donc en maillot de bain, dans la nuit noire, alors que tout le monde est en bottes et en cire… Brrr… un petit frisson en rentrant dans l’eau, j’espere que les requins sont au lit a cette heure la. Le bout est vite demele, et apres ce bon bain du soir, j’ai droit a une douche + shampoing avec le reste de l’eau de pluie recoltee la veille sous la grand voile. Et me voila tout propre pour aller me coucher.
Nous faisons egalement tres attention a notre hygiene bucco-dentaire, en employant les grands moyens s’il le faut. Ce matin, Denis s’est donc nettoye les dents d’une grande lampee de gazole, apres une gorgee d’huile d’olive (pour le gout). Une petite gousse d’ail pour l’haleine, puis il a poursuivit par un lavage au cif, avant de parfaire le brossage par du dentifrice et un rincage a l’eau minerale. Il faut reconnaitre que le but premier de l’operation etait avant tout de siphonner un bidon de gazole pour refaire le plein de notre reservoir…
Nous sommes donc bien occupes a bord, mais il nous reste heureusement du temps pour profitter de notre environnement. Nous voyons frequement des dauphins ces derniers jours. La nuit derniere, dans la petole, c’est meme leur souffle que l’on entendait le premier, quand il font surface pour respirer et qu’ils semblent nous murmurer quelques mots. Pour les amateurs d’oiseaux, nous croisons assez souvent des puffins (Arnaud, si tu nous lis, je te laisse trouver le nom latin, nous n’avons pas a bord de guide des oiseaux…), mais ils ne s’interessent pas beaucoup a nous et preferent planner au creux de la houle, jouant des courants ascendants au dos des vagues. Nous avons vu une mouette (ou un goeleand ?) aujourd’hui, mais c’etait la premiere de la traversee. Parfois des oiseaux blanc avec une tete assez massive et carree (des petrels ? je ne suis pas sur…). Et de petits oiseaux noirs au creux des vagues. Etonnant de les voir si loin de toute terre, ils ont de la route a faire avant de pouvoir pondre un oeuf…
Pour repondre a d’autres questions, sachez qu’un plat avec de l’ail, c’est simplement… bon ! C’est le basque du bord qui vous le dit. Et que le Schmilblick : – ne s’enrole pas, ne se plie pas, ne coulisse pas (mais on peut coulisser dessus), – est souple et non pas dur, synthetique et pas naturel, – qu’il est solidement lie au pont du bateau, c’est tres important pour qu’il remplisse son role.
Enfin, la bonne nouvelle du jour, c’est le retour de la girouette et de l’anemo ! Ils nous avaient abandonne des le premier jour, a la premiere vague qui avait un peu secoue le bateau, et ils refusaient de nous donner la moindre information. Puis quelques jours plus tard, dans un coup de vent, ils avaient pris un petit air penche qui nous inquietait. Mais le temps ne permettait pas de monter en haut du mat. C’est chose faite depuis cet apres-midi, apres une petite excursion a 19m d’altitude. Ca paraitra bien modeste aux montagnards, mais je vous assure qu’on y ressent drolement bien le moindre mouvement du tangage du bateau… Nous voila avec la force et la direction du vent aux instruments, ce qui nous permettra par exemple de regler le pilote sur l’angle a tenir par rapport au vent et non pas simplement sur un cap compas.
A bientot,
Guillaume, pour l’equipage de Tchuda Popka
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